Les lumières mènent au salut
Le thème du rêve dans l’œuvre de Gillray présente une quête romantique d’une énergie psychique, à travers des visions oniriques des personnages, que Gillray retourne avec ironie contre les hommes politiques de son temps. Avec sa stratégie satirique de dénonciation qui agit à travers l’extériorisation des ombres de la psyché humaine, soit du refoulé, Gillray frôle l’irrationnel à travers des compositions misanthropes et caustiques. En dialogue avec la vision romantique de l’écrivain et physicien allemand Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799), Gillray dépoloie la vie onirique de l’homme en tant que miroir offrant du caractère humain. À la fin du dix-huitième siècle, l’apparition d’une nouvelle tendance subjectiviste remet en question la relation de l’artiste et des sources iconographiques fournies par l’histoire de l’art, une relation qui était, jusque là, strictement basée sur l’emprunt et l’imitation des modèles du passé. Cette évolution idéologique et esthétique a libéré l’imagination de l’artiste en l’encourageant à utiliser la sensibilité de sa propre fantaisie afin d’interpréter le modèle et de transcender sa forme en captant plutôt son énergie psychique.
– Andreea Bargoveanu