L’art célèbre l’unité du corps social
En 1651, le philosophe anglais Thomas Hobbes publie une théorie politique intitulée Leviathan, dont les thèses allaient devenir les fondements de l’État moderne. Dans le frontispice, le Leviathan, géant liant la tête d’un souverain à un corps constitué de la multitude des individus composant la société civile, résume d’une part, les relations entre la société et le gouvernement, et de l’autre, la mainmise sur le territoire que domine ce géant. À l’image du corps, l’État pour être viable doit être établi sur un solide rapport de ses parties à son tout. Ces stratégies visuelles continuèrent à être utilisées à travers l’Europe pour dépeindre la décadence du corps national, le rôle des nations européennes dans la Révolution française ou encore le pouvoir napoléonien. Dans le domaine de la satire, les caricaturistes choisirent de présenter les nations sous forme d’individus stéréotypés, généralisant certains traits psychologiques ou physiques jusqu’à en faire les caractéristiques de toute la nation. D’autres caricatures reprennent plutôt l’aspect synthétique des stratégies visuelles du Leviathan, et représentent un ensemble d’événements historiques. Par leurs aspects synthétiques et rétrospectifs, ces images se rapprochent du monument historique, que ce soit le buste, la statue en pied ou la statue équestre.
– Anne-Marie Bouchard