Le Second Empire et le café-concert

Chansons orientales “Le jardin de Téhadjâ.” Chansons orientales En 1852, le président Bonaparte devenait Napoléon III, empereur des Français. Ainsi débutait le Second Empire, lequel dura jusqu’à la défaite de la France lors de la guerre franco-prussienne. C’était une période de prospérité économique, de stabilité politique et de modernisation. Le réseau ferroviaire français se développa jusqu’à atteindre, en 1855, 10 000 kilomètres de rails irradiant de la capitale vers toutes les régions du pays. Le baron Haussmann, alors préfet de la Seine, redessina le plan de Paris. Il construisit de grands boulevards et de larges avenues rectilignes, élargit le système d’égouts, améliora l’éclairage des rues et aménagea des parcs urbains. Paris organisa sa première exposition universelle en 1855 et renouvela l’expérience chaque décennie jusqu’à la fin du siècle (1867, 1878, 1889 et 1900), permettant ainsi à la France d’étaler ses réalisations industrielles et culturelles ainsi que ses prouesses coloniales, de l’Indochine à l’Afrique.

Durant cette même période, on vit se développer les industries de la musique et du théâtre à Paris. En plus des quatre salles d’opéra (l’Opéra, l’Opéra-Comique, le Théâtre-Italien et le Théâtre-Lyrique), on présentait des pièces de théâtre à la Comédie française et à l’Odéon, ou bien on pouvait voir des vaudevilles, des numéros de cirque et de la danse dans les théâtres de boulevard. Hervé et Offenbach créaient leurs premières opérettes et ouvraient de nouvelles salles vouées à ce genre musical extrêmement populaire : les Folies-Nouvelles et les Bouffes-Parisiens. En 1864 et 1867, Napoléon II modifia la loi sur le théâtre, ce qui facilita grandement l’ouverture de nouveaux théâtres tout en leur accordant la liberté d’explorer différents genres.

La ParisienneLa ParisienneLe café-concert est l’établissement emblématique du Second Empire. Issus des anciens cafés chantants, des goguettes et des bars et cafés de musique du monde ouvrier, les cafés-concerts devinrent d’importants lieux de divertissement tant pour les classes ouvrières que pour la bourgeoisie. Bien que l’entrée fût gratuite, les clients devaient acheter des consommations pour avoir la permission de s’asseoir et d’assister au spectacle. Une soirée typique débutait par des spectacles de curiosités (numéros d’acrobatie, de dressage, de danse), suivis par un intermède instrumental composé d’extraits d’opéras ou d’opérettes et par des danses à la mode (quadrilles, valses, polkas). La deuxième partie de la soirée était presque exclusivement réservée aux chanteurs qui présentaient un « tour de chant » comprenant de trois à cinq chansons. La soirée se terminait par un court numéro de vaudeville ou d’opérette ; et après 1867, les cafés-concerts pouvaient même présenter des œuvres avec costumes et mise en scène. Plusieurs des établissements les plus en vue étaient situés sur les Champs-Elysées ou sur les grands boulevards de la Rive droite ; mentionnons le Café des Ambassadeurs, l’Alcazar, l’Horloge, l’Eldorado, la Scala, l’Éden-Concert et le Bataclan. Vers 1885, on comptait, seulement à Paris, plus de deux cents cafés-concerts qui employaient, directement ou indirectement, un millier de personnes : chanteurs, comédiens, instrumentistes, costumiers, compositeurs, poètes et lithographes. L’industrie de l’édition musicale contribua à la croissance et à l’influence des cafés-concerts par la vente de musique en feuilles, de publications maison, d’affiches, de programmes illustrés et de recueils de chansons.


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Pour aller plus loin

http://www.dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net

Angenot, Marc. Café-concert: Archéologie d’une industrie culturelle. Montréal: CIADEST, 1991.

Caradec, François, and Alain Weill. Le café-concert. 2nd edition. Paris: Fayard, 2007.

Chadourne, André. Les cafés-concerts. Paris: E. Dentu, 1889.

Condemi, Concetta. Les cafés-concerts. Histoire d’un divertissement. Paris: Quai Volaire Histoire, 1992.

Klein, Jean-Claude. La chanson à l’affiche. Histoire de la chanson française du café-concert à nos jours. Paris: Éditions Du May, 1991.

Leclercq, Pierre-Robert. Soixante-dix ans de café-concert, 1848–1918. Paris: Les belles lettres, 2014.