Les femmes et l’esprit de la France

Sa voix possède un charme, une émotion qui vous pénètrent, vous arrachent des larmes et vous poussent à l’héroïsme.

– André Chadourne, Les cafés-concerts (1889, 246).

Tout au long du XIXe siècle, l’image de la femme a souvent été utilisée comme symbole politique dans le but de renforcer le sentiment patriotique. L’historienne Joan Landes note : « [D]ans l’imagerie populaire, les représentations de la femme servaient à la promotion de l’idéal républicain de la France et visaient à amener les personnes à se percevoir comme des citoyens de l’État-nation » (2011, 1). Deux importants symboles féminins ont peuplé l’imagination des Français au XIXe siècle : Jeanne d’Arc et Marianne, cette dernière occupant le centre de la célèbre toile de Delacroix, La liberté guidant le peuple, inspirée de la Révolution de juillet 1830. Vêtue d’une robe grecque, portant haut le drapeau tricolore, Marianne est devenue la personnification des trois principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité.

Que ce soit pour célébrer le centenaire de la Révolution ou pour illustrer divers mouvements politiques, des images de femmes rappelant le personnage de Marianne apparaissaient sur bon nombre de couvertures de chansons françaises éditées dans la seconde moitié du siècle. Les femmes ont aussi participé au soulèvement de la Commune et sur la page couverture des chansons La sociale et La communarde, on utilise exactement la même image de Marianne, brandissant un fusil pour inciter à l’action politique. Alors que les républicains et les factions politiques de gauche adoptent tous deux Marianne, Jeanne d’Arc représentait plutôt l’héroïsme et la pureté, surtout, mais pas seulement, pour les milieux catholiques conservateurs et les factions de droite de la Troisième République. Tout au long du XIXe siècle, le personnage de Jeanne d’Arc inspira une multitude de créations : poèmes, tableaux, pièces de théâtre et œuvres musicales, de l’opéra à la mélodie française.

Après la défaite française de la guerre franco-prussienne (1870–1871) et les troubles de la Commune de Paris (1871), les chansons sentimentales et populaires des cafés-concerts, comme les romances patriotiques, les chants patriotiques, les chansons dramatiques et les cris patriotiques, étaient destinées à encourager la populace affligée. La chanteuse de café-concert Amiati (1851–1871) excellait dans les chansons de ce type au point d’être considérée comme la « prêtresse » de la chanson revancharde (Chadourne, 1889, 246).

Pour aller plus loin >

Affichage de 1-11 de 11 pièces de musique en feuilles par page