1754 Anthony Henday, employé de la CBH, se rend avec un groupe de Cris de la baie d'Hudson au pays des Pieds-Noirs, maintenant le centre de l'Alberta. C'est le premier homme blanc à voir les Rocheuses. Son intention est de convaincre les Indiens d'apporter leurs fourrures à la baie d'Hudson. Après un voyage tumultueux, Henday retourne à York Factory et tente de convaincre les officiers qu'il a vu des montagnes aux sommets enneigés et des Indiens à cheval.

1756 Les hostilités entre les Français et les Anglais sont déclenchées dans la vallée de l'Ohio. Le commerce des fourrures est interrompu et la plupart des voyageurs et des traiteurs ayant des permis sont rappelés dans l'Est. L'industrie montréalaise de la fourrure s'était jusqu'alors étendue à travers la partie orientale du Bouclier canadien, au sud jusqu'à la partie supérieure de la vallée du Mississippi et à l'ouest à travers les Prairies jusqu'au pied des Rocheuses.

1757 Sept postes de traite français poursuivent toujours leurs activités dans la région des Grands Lacs et plus à l'ouest, bien que la plupart des postes aient été abandonnés.

1758 Les postes français sur la rivière Saskatchewan sont désertés.

1758 La forteresse française de Louisbourg est capturée par les Britanniques.

1759 La ville de Québec est conquise par les Britanniques, commandés par le général James Wolfe.

1759 Tous les postes français dans l'Ouest sont désertés. Des commerçants indépendants tels que Francis Le Blanc, Maurice Blondeau ainsi qu'un homme appelé « Franceouay » poursuivent cependant leurs activités.

1760 En septembre, Montréal tombe aux mains des Britanniques. Tous les droits et privilèges commerciaux sont repris par les Britanniques. Les fourrures sont maintenant expédiées à Londres au lieu de Paris. Les marchandises de traite sont acheminées surtout par l'entremise d'agents londoniens.

1761 Certains commerçants anglais affiliés à la CBH font affaire dans l'Ouest.

1762 La France cède à l'Espagne tous ses territoires situés à l'ouest du Mississippi.

1763 Aux termes du Traité de Paris, la France cède officiellement à la Grande-Bretagne ses colonies de l'Amérique du Nord (sauf les îles de la Martinique, de la Guadeloupe, et de Saint-Pierre et Miquelon).

1763 La Proclamation Royale entre en vigueur : le gouvernement britannique veut affermir son autorité au Canada en négociant plusieurs arrangements pour contrôler le commerce des fourrures, notamment en limitant à cinq le nombre de postes de traite et en octroyant des permis exclusifs. Malgré tout, des commerçants poursuivent leurs activités sans permis. Le commerce avec les Indiens n'est autorisé que si l'on détient un permis.

1765 Alexander Henry obtient les droits exclusifs de commercer sur le lac Supérieur. Son associé Jean-Baptiste Cadotte et lui érigent un poste à Chequamagon et envoient des équipes dans la région de Fond-du-Lac. Henry espère découvrir les secrets du cœur du continent nord-américain.

1766 Jonathan Carver se dirige vers l'ouest à la recherche du passage du Nord-Ouest. Il séjourne au Minnesota et effectue une expédition qui ne donne aucun résultat. Il est d'avis qu'un établissement britannique sur la côte nord-ouest de l'Amérique du Nord encouragerait le commerce, les découvertes et les communications avec la Chine et les Indes orientales.

1766 Le commerce britannique des fourrures connaît un regain, en particulier à Michillimakinac, où les traiteurs et les voyageurs, empruntant les vieilles routes françaises, partent en canots et reviennent avec des fourrures le printemps suivant. Leur succès incite certains à refaire ce périple et d'autres à se lancer dans la traite des fourrures. Thomas Curry et James Finlay sont deux traiteurs anglais parmi d'autres qui s'adonnent à cette activité, et ce, sans être affiliés à la CBH.

1767 La responsabilité de réglementer le commerce est remise entre les mains des colonies et les permis exclusifs sont abolis. L'essor du commerce non réglementé favorise l'usage de l'alcool dans la traite des fourrures. Les traiteurs britanniques obtiennent l'autorisation d'établir des postes d'hivernement chez les Indiens.

1768 Le gouverneur de Québec, Sir Guy Carleton, recommande au principal homme d'état à Londres responsable de la politique commerciale (Lord Shelburne) que les traiteurs britanniques de Montréal traversent le continent jusqu'à la côte du Pacifique. Il songeait à une expédition autorisée par le gouvernement qui permettrait aux traiteurs de se rendre dans les lacs de l'Ouest, de passer l'hiver dans un poste éloigné et de gagner l'océan Pacifique au printemps. Alexander Mackenzie réalisera ce rêve 25 ans plus tard.

1768-1769 Le commerce des fourrures à Montréal est maintenant contrôlé par des immigrants et hommes d'affaire américains, anglais et écossais. Le succès de ces nouveaux arrivants menace les intérêts de la CBH. Par suite de l'abolition des restrictions commerciales, l'« invasion » des territoires à l'extrémité nord-ouest du continent (aujourd'hui les Territoires du Nord-Ouest et la Colombie-Britannique) débute.

1769 Benjamin et Joseph Frobisher lance au lac à la Pluie (Rainy Lake) leur première expédition en direction du Nord-Ouest.

1771 Samuel Hearne, de la CBH, atteint la rivière Coppermine. Ses expériences lui montrent qu'aucune expédition vers le Nord-Ouest ne vaut la peine d'être tentée sans l'aide d'excellents guides autochtones. Il parcourt également 1600 kilomètres au nord-ouest de fort Churchill. Hearne est le premier Européen à atteindre les rives arctiques de l'Amérique et de démontrer l'absence d'un passage direct à travers le continent jusqu'au Pacifique.

1772 Peter Pangman et son associé, Joseph Fulton, passent l'hiver au fort Dauphin. Au printemps de 1773, Pangman essaie en vain d'expédier ses fourrures en Angleterre via la baie d'Hudson. On l'enjoint de quitter les territoires de la CBH.

1774 Aux termes de l'Acte de Québec, les Grands Lacs à l'ouest et tous les territoires au nord de la rivière Ohio sont annexés à la province de Québec, qui devient la 14e colonie britannique. Cette loi consolide les avantages des traiteurs de Montréal en étendant le territoire du Québec jusqu'à la région des Grands Lacs. Green Bay et Prairie-du-Chien deviennent d'importants centres de traite à l'intérieur des terres, mais une concurrence féroce fait fondre les profits. Des marchands de Montréal s'associent pour éviter ou contrer la concurrence. La Révolution américaine incite certains traiteurs à éviter les zones au sud et à l'ouest des Grands Lacs et à s'aventurer vers le nord et l'ouest.

1774 La CBH construit son premier poste à l'intérieur des terres, le fort Cumberland. La compagnie anglaise amorce ainsi son expansion dans l'arrière-pays pour être en mesure de soutenir la concurrence de Montréal. Ce poste est situé au centre des Plaines, au confluent des réseaux hydrographiques qui mènent vers l'Arctique et la baie d'Hudson.

1774 L'entreprise McTavish et Co. est fondée. Simon McTavish devient l'associé de Joseph Frobisher et de James Bannerman dans le commerce des fourrures.

1775 Financé par des marchands de Montréal, Alexander Henry l'aîné quitte le Sault-Ste-Marie, remonte par les rivières Winnipeg et Saskatchewan pour atteindre Cumberland House. Joseph Frobisher, résolu à pénétrer en territoire encore inexploré, encourage les Indiens autour du fort Churchill à faire commerce avec lui. En novembre, Montréal est capturé par des troupes américaines. Cette occupation durera jusqu'en juin 1776.

1776 Thomas Frobisher passe l'hiver à l'île à la Crosse et y découvre que les Chipewyans de l'Athabaska peuvent lui apporter des fourrures au lieu d'aller jusqu'à la rivière Churchill et d'autres postes de la CBH. Les frères Frobisher continuent de camper le long de la route empruntée par les Chipewyans et interceptent les fourrures au passage.

1777 Les traiteurs de Montréal empruntent la route du lac Supérieur pour se réapprovisionner et contournent le site de Cumberland House, appartenant à la CBH. Ces traiteurs remontent la rivière Saskatchewan plus en amont et court-circuitent leurs concurrents. La CBH réplique en envoyant deux expéditions pour établir des dépôts de traite passé le blocus de leurs rivaux, l'un à environ 450 milles de Cumberland House en amont de la Saskatchewan et l'autre dans l'Athabaska.

1778 Financé par des marchands de Montréal, Peter Pond se rend dans ce qui deviendra l'Alberta et ouvre la région de l'Athabaska. Voyageant et passant l'hiver dans la région depuis 1775, Pond réussit à contourner le commerce sédentaire de la CBH à l'intérieur des terres et étend les frontières de la traite des fourrures dans cette partie du monde. Il constate que les Cris et les Chipewyans sont désireux de commercer et il passe l'hiver le long de la rivière Elk en 1779. Pond retournera à Montréal avec 140 ballots de fourrure. Aussi en 1778, Grand Portage est officiellement fondé le long de la rive nord du lac Supérieur. Terminé en 1784, ce fort servira de quartier général de la Compagnie du Nord-Ouest (CNO) jusqu'en 1805. Un petit poste de traite y avait déjà été érigé par La Vérendrye en août 1731. Grand Portage doit son nom au fait que le sentier original de portage à cet endroit avait 9 milles de longueur.

1779 Pour disposer de plus de capitaux et continuer ainsi à concurrencer la CBH, certains traiteurs de Montréal concluent le premier accord d'association de la Compagnie du Nord-Ouest (CNO). Le groupe est prêt à financer l'expédition de 1780; c'est la première société de capitaux au Canada et peut-être en Amérique du Nord. L'accord dure un an.

1780 à la suite du succès de la première association, les commerçants de fourrure de Montréal négocient le deuxième accord de la CNO.

1781 Une importante épidémie de variole se propage dans toute la région des Grands Lacs et du Nord-Ouest, décimant de nombreux groupes autochtones et ébranlant les relations commerciales.

1782 Les traiteurs de Montréal se livrent une concurrence féroce et ruineuse, et le second accord d'association de la CNO est abandonné.

1783 Après la guerre de l'Indépendance américaine, la paix de 1783 accélère la réorganisation du commerce des fourrures amorcée durant la Révolution américaine. On s'interroge sur l'avenir des postes de la CNO situés maintenant en territoire américain, la nouvelle frontière coupant le Canada de la principale source d'approvisionnement en fourrures au sud des Grands Lacs.

1783 En octobre, diverses entreprises de Montréal s'associent pour conclure le troisième accord de la CNO. Cet accord a une durée espérée de cinq ans.

1784 à l'été, la CNO charge Edward Umfreville d'explorer les rivières de l'intérieur en empruntant le lac Nipigon. Comme la route qu'il suit est assez difficile, celle de Grand Portage est maintenue pendant les vingt années suivantes. Durant l'hiver de 1784, le capitaine James Cook publie le récit de ses voyages le long de la côte ouest du Canada. Il raconte qu'un fleuve provenant du nord se jette dans l'océan. Cette information incitera Alexander Mackenzie à se lancer à la recherche d'un passage direct jusqu'au Pacifique.

1785 L'entreprise Gregory, McLeod and Co., qui n'était pas partie prenante de l'accord de la CNO de 1783-1784, continue de livrer une vive concurrence à la CNO. Gregory, en quête de directeurs compétents, fait de son ancien commis, Alexander Mackenzie, un associé à part entière dans son entreprise et l'envoie dans le Nord-Ouest au printemps.

1785 Le Beaver Club est formé à Montréal et devient un lieu de rencontre très sélect pour les hommes qui ont passé l'hiver en pays indien a traiter des fourrures.

1786 La CBH continue d'ériger des postes de traite à l'intérieur du continent puisque, de plus en plus, les commerçants de la CNO vont chercher directement leurs fourrures dans les campements indiens.

1787 La CNO porte le nombre de ses actions à 20 pour une période de 5 ans. Et la « Nouvelle Compagnie » de Gregory, McLeod and Company fusionne avec la CNO. Cette fusion a été décidée à la suite de la mort de John Ross, un associé de Gregory, tué peut-être par Peter Pond. Les entreprises rivales reconnaissent que cette concurrence effrénée doit prendre fin. Lors de la réaffectation des territoires de traite, Alexander Mackenzie, membre du groupe dissous, est mis en charge du district d'Athabaska.

1788 La CNO regroupe 40 associés et emploie 200 guides, interprètes et voyageurs. Le fort L'Espérance sur la rivière Qu'Appelle devient progressivement un important dépôt d'approvisionnement de la CNO, de grandes quantités de viande séchée et de pemmican y sont conservées pour être distribuées à d'autres postes.

1789 Alexander Mackenzie cherche le passage du Nord-Ouest et atteint plutôt l'océan Arctique. Simon McTavish tente de se faire affermer les droits de transit par la baie d'Hudson, ce qui lui est refusé. La CNO commence à construire des bateaux de commerce sur les Grands Lacs. Elle érige des postes sur la rivière St-Louis, le lac Leech, le lac Pine et le lac Otter Tail.

1789 Angus Shaw fonde le fort Lac d'Orignal sur les bords du lac du même nom situé sur le cours supérieur de la rivière Beaver au nord-est de la ville actuelle d'Edmonton. Il y aurait, dit-on, trouvé quatre commerçants de la CBH avec un groupe d'Assiniboines. Trois ans plus tard, il bâtira le fort George sur la rivière Saskatchewan.

1790 Les marchands de Montréal obtiennent l'abrogation de l'ordonnance commerciale de 1777, ce qui met fin au système de permis et pave la voie à un commerce pratiquement illimité de l'alcool. La société McTavish, Frobisher and Co. devient le fournisseur officiel de la CNO.

1791 Les pavillons russes et britanniques flottent déjà sur les côtes du Pacifique, les états-Unis n'étant pas loin derrière. L'Espagne abandonne progressivement la région après avoir conclu des accords avec la Grande-Bretagne.

1792 Le capitaine américain Robert Gray gagne l'embouchure du fleuve Columbia. Cet événement devait plus tard jouer un rôle crucial, empêchant les Britanniques de prendre possession de cette région.

1793 Alexander Mackenzie réussit à traverser le continent jusqu'à l'océan Pacifique. La route qu'il découvre est à ce point tumultueuse qu'elle ne sera pas utilisée par la suite. C'est le premier Européen à avoir gagné par eau et par voie terrestre le Pacifique au nord du Mexique.

1794 Le Traité de Jay établit la frontière à l'est du Mississippi entre l'Amérique du Nord britannique et les états-Unis d'Amérique. Il concède des droits commerciaux réciproques aux commerçants britanniques et américains, chacun obtenant le droit de traverser la frontière pour commercer sur le territoire voisin. Le traité donne également accès à New York pour l'expédition directe des fourrures à partir de Détroit et de Michillimakinac. L'homme d'affaire américain John Jacob Astor se lance dans la traite des fourrures.

1795 La CNO compte maintenant 46 actions. Elle contrôle près de 75 p. 100 du commerce des fourrures au Canada, ne laissant que 25 p. 100 à la CBH et aux traiteurs indépendants.

1796 Près de la moitié des postes de la CBH sont alors situés dans un rayon de 10 milles d'un poste de traite rival. à partir de cette date, la concurrence atteint un sommet. Jusqu'alors, la CNO avait contrôlé une part beaucoup plus importante du marché des fourrures tant sur le plan des profits que du territoire. Après 1796, le nombre de postes rivaux augmente et la CBH commence progressivement à se regrouper autour des postes de la CNO.

1797 David Thompson se joint à la CNO et explore sur une distance de 4000 milles le cours supérieur du Mississippi et de ses affluents. Chemin faisant, il découvre une route vers le Pacifique. Il passera les années suivantes loin en amont de la Saskatchewan et établira son quartier général à Rocky Mountain House.

1798 La CNO compte à son emploi 50 commis, 71 interprètes, 1120 voyageurs et 35 guides.

1798 Le mécontentement règne parmi les hivernants de la CNO en raison du petit nombre d'actions et de la piètre qualité des marchandises de traite. Des dissidents quittent l'entreprise et en forment une nouvelle, la Nouvelle Compagnie du Nord-Ouest, ou Compagnie XY, qui englobe les sociétés Forsyth, Richardson and Co. et Leith, Jamieson and Co. Simon McTavish ordonne à tous ses départements de vendre moins cher que les traiteurs de la Compagnie XY.

1798 L'établissement officiel de la nouvelle frontière entre les états-Unis et l'Amérique du Nord Britannique force la CNO à déplacer son dépôt du lac Supérieur de Grand Portage à la rivière Kaministiquia, où est construit le fort Kaministiquia, qui emprunte son nom à l'ancien fort français situé à cet endroit. La construction d'un nouveau dépôt est amorcée en 1801 et menée à bien en 1804.

1799 Dans la région qui constitue maintenant le nord de la Saskatchewan et du Manitoba se dressent peu à peu des postes rivaux de la CNO, de la XY et de la CBH, le plus souvent construits côte à côte.

1800 La CNO gère 117 postes de traite. Elle a pris alors non seulement de l'expansion dans l'Ouest, mais également autour de la baie James et dans la région de l'Abitibi et du Témiscamingue. Cela permet à la compagnie d'exploiter au Québec des terres qui ne sont pas encore contrôlées par la CBH. Elle peut aussi intercepter les fourrures destinées aux comptoirs de la baie d'Hudson.